La cartographie thématique vise à représenter graphiquement, sur un fond de carte, un phénomène thématique.
Dans le cadre d'un SIG, ce phénomène peut prendre la forme d’une variable statistique, qualitative ou quantitative, stockée dans les attributs d'une table ou calculée dynamiquement.
La cartographie thématique possède une méthodologie bien définie, qui permet d’obtenir des représentations efficaces : la sémiologie graphique.
Pour présenter les bases de la méthodologie, dans le cadre d'une utilisation avec QGIS sur des données quantitatives, nous allons utiliser la méthode simplifiée suivante :
➜ Le type de la variable conditionne le type de représentation cartographique
En cartographie thématique, il existe deux grands types de représentations principaux, accessibles avec un logiciel de type SIG : les plages de couleurs (ou chroroplèthes selon leur nom scientifique) et les symboles proportionnels.
D'après les manuels (notamment "La sémiologie graphique", de J. Bertin, référence principale en cartographie) et l'expérience, le choix entre ces deux types de représentation doit se baser sur le type de la variable à représenter, dans le but, toujours, de produire une carte efficace, qui transmette bien et clairement l'information.
Le type de la variable est à déterminer simplement par deux séries de questions : variable quantitative ou qualitative, puis, dans le premier cas, discrète ou continue, dans le second, ordonnée ou nominale.
Ces quatre nivaux d'organisation entre eux des individus de la variable sont hiérarchisés, le niveau quantitatif étant le plus fortement organisé (on peut établir des relations quantitatives précises), le niveau nominal le plus faiblement (on peut juste établir une différence entre les individus, mais rien d'autre). Entre ces deux niveau se trouve celui de l'ordre, qui permet de classer les individus selon des quantités ou des qualités naturellement hiérarchisées.
À partir de cette détermination, on peut croiser ces niveaux avec les outils de dessin de variations cartographiques à notre disposition pour représenter les individus de la variable sur une carte, ce que J. Bertin appelle des "variables rétiniennes" (ou variables graphiques, moyens d'expression).
Pour résumer, on peut utiliser le schéma suivant :
On notera la relation centrale qui lie le type de variable au type de représentation : si la variable est quantitative discrète (comme des comptages), il faut utiliser des symboles proportionnels. Si elle est quantitative continue ou qualitative ordonnée, on doit utiliser des gammes de couleurs.
Tout repose sur la propriété la plus importante de la variable à représenter, son niveau d'organisation :
Naturellement, aujourd'hui, certaines variables graphiques proposées par J. Bertin dans les années 1970 ne sont plus beaucoup utilisées (grain, orientation), car leur efficacité est faible, surtout en rapport avec la beaucoup plus grande facilité et accessibilité de l'utilisation des dégradés de couleur (variables visuelles de valeur et de couleur). D'autres variables graphiques ont été proposées depuis, en liaison avec le support écran (vibration, transparence...).
Le logiciel QGIS permet de réaliser les deux types principaux de représentation, symboles et couleurs, dans de bonnes conditions, avec un paramétrage adapté et complet.
Réaliser une cartographie thématique revient en fait, dans QGIS, à appliquer un style d'affichage sur une couche, en utilisant l'onglet "symbologie" des proproétés de cette couche. Les données attributaires devant être représentées doivent donc faire partie de la couche (les joindre au besoin, comme vu précédemment).
Symbole unique : un même symbole, mais que l’on peut faire varier de taille, pour produire une carte en symboles proportionnels. Correspond à la variable rétinienne de taille et donc à des données quantitatives discrètes. Exemple : une population, un comptage en valeur absolue.
Catégorisé : variables qualitatives nominales ou ordonnées, variation de forme ou de couleur, une couleur par valeur. Exemple : une couleur par type d’intercommunalité différente, par niveau de variable ordonnée comme le statut administratif, la qualité des eaux, etc.
Gradué : variables quantitatives ordonnées, regroupées en classes, avec une variation de la valeur/couleur.Exemple : des variables quantitatives relatives, comme un taux d’évolution, un pourcentage, etc.
QGIS est capable de dessiner des symboles proportionnels de plusieurs façons différentes. La plus satisfaisante, car elle produit une légende automatique en mise en page, consiste à utiliser la fonctionnalité "Diagrammes" des propriétés de la couche. On va réaliser des diagrammes en secteurs, mais avec une seule valeur, ce qui va produire des cercles proportionnels.
À noter : la légende de la carte n'apparait pas à l'écran, elle ne se dessine que dans un cadre spécifique du composeur de mise en page, que nous verrons plus loin.
Les autres techniques pour dessiner une carte en symboles avec QGIS sont moins intéressantes, car elles impliquent une transformation de la couche (générateur de géométrie) ou des opérations complexes (symbole avec remplissage de centroïde), mais c'est parfois indispensable pour réaliser certains types de cartes, par exemple pour pouvoir remplir les symboles avec les couleurs d'une analyse par couleurs (ce qui permet de compenser les fortes valeurs de couleur des petits symboles et d'éviter d'utiliser la surface d'une entité administrative comme support, alors qu'elle n'a pas forcément de sens pour l'analyse).
Les cartes en plages de couleurs (choroplèthes) sont un peu plus complexes à concevoir, car il faut :
Pour un résultat plus agréable, il est possible de jouer aussi sur le contour des polygones colorés pour l'atténuer :
La fenêtre d'affichage des couches présente les classes et leurs couleurs, mais ce n'est pas une véritable légende. Elle s'ajoutera dans une composition de mise en page. C'est l'objet de notre prochaine leçon.